Afrique

Kémi Séba déchu de sa nationalité française

En France, un décret publié au Journal officiel de la République ce mardi 9 juillet 2024, reprise par plusieurs journaux français, officialise la perte de nationalité française de l’activiste Kemi Seba, d’origine béninoise.

De son vrai nom Stellio Capo Chichi, Kemi Seba est le meilleur de sa génération dans la défense des intérêts de l’Afrique. La décision prise par le Conseil d’État français, marque l’aboutissement d’une longue procédure initiée par le ministère de l’Intérieur en début d’année.

L’activiste de 42 ans, connu pour ses positions panafricanistes et ses critiques virulentes envers la politique néocoloniale de la France en Afrique, avait défrayé la chronique en brûlant publiquement son passeport français lors d’une conférence de presse à Fleury-Mérogis.

Le contexte juridique

D’après les dispositions de l’article 23-7 du Code civil, « un Français qui se comporte en fait comme un ressortissant d’un pays étranger peut, s’il possède la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’État, avoir perdu la nationalité française ».

Après la France où il fait la première partie de sa vie, Kémi Séba a déménagé au Sénégal en 2011, puis au Bénin en 2017, où il réside actuellement. Le gouvernement français lui reprochent ses accusations récurrentes de néocolonialisme contre la France.

La perte de la nationalité française, une mesure très rare, ne pas confondre avec la déchéance de la nationalité. Cette dernière, également prononcée sur avis conforme du Conseil d’État, fait suite à une condamnation pour participation à des activités terroristes. Depuis 2015, la déchéance de nationalité a été prononcée à 46 reprises, dont 14 fois depuis le début de l’année 2024.

Des tensions entre l’Etat français et Kemi Seba

La démarche du gouvernement français s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre l’activiste panafricaniste Kemi Seba et la France. Accusé par des responsables politiques français d’être un « relais de la propagande russe » et de servir les intérêts d’une puissance étrangère contre la France, Kemi Seba a vu ses activités scrutées de près par les services de renseignements. S’il n’a pas nié rechercher des partenaires dans sa lutte pour la souveraineté de l’Afrique, l’activiste très apprécié sur le continent africain a toutefois nié relayer une quelconque propagande. Son engagement dans des manifestations critiquant la présence française en Afrique et ses prises de position sur les réseaux sociaux ont été perçus par le gouvernement français comme une menace pour les intérêts nationaux.

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