Au lendemain du coup d’Etat au Gabon, le général Oligui aurait donné des garanties au Français quant à leur intérêts dans le pays. C’est ce que rapporte Africa Intélligence qui soutient que le nouvel homme fort du Gabon prétend vouloir renforcer la relation avec Paris.
Dès le 31 août, au lendemain du putsch contre son cousin et président, Ali Bongo, le désormais président de transition a tenu à expliquer sa démarche au partenaire français. Le général Oligui Nguema s’est entretenu avec l’ambassadeur de France à Libreville, Alexis Lamek, et le chef de poste de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). La photo de la rencontre a été publiée trois jours plus tard sur les réseaux sociaux par les équipes du commandant de la Garde républicaine.
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Il a garanti l’intégrité physique d’Ali Bongo et son attachement au statut d’ancien président. A ses interlocuteurs français, il a tenu à assurer que la situation en cours au Gabon n’avait rien à voir avec le putsch mené le 26 juillet par le général Abdourrahmane Tchiani au Niger. Il n’a toutefois pas précisé la durée de la « transition » envisagée.
Il a insisté sur sa volonté de poursuivre le partenariat avec Paris en rappelant que c’est le président déchu qui a, peu à peu, tourné le dos à la France en rejoignant le Commonwealth. Le général Oligui Nguema a aussi souligné que son prédécesseur avait renforcé de manière significative les liens économiques et sécuritaires avec la Chine, devenue le premier partenaire commercial du Gabon.
A Paris, le président Emmanuel Macron a convoqué un conseil de défense jeudi 31 août tout particulièrement consacré au Gabon. La situation à Libreville y a été appréhendée de manière pragmatique et sans hostilité diplomatique à l’égard du putsch. Au regard de la relation qui s’était distendue avec Ali Bongo, Paris estime avoir eu les garanties économiques et sécuritaires nécessaires quant à ses intérêts dans le pays. La coopération militaire entre les Eléments français du Gabon (EFG) et l’armée gabonaise a été toutefois temporairement suspendue.
Le jour même, la société française Eramet a d’ailleurs repris ses activités d’extraction de manganèse dans la mine de Moanda. Sur le plan de l’influence médiatique française, les signaux de RFI et France 24, interrompus depuis le jour du scrutin du 26 août, ont été rétablis.
Continuité dans les « services »
Les services français ont également apprécié que leurs homologues gabonais soient pour la plupart maintenus en fonction. Les caciques du renseignement ont ainsi basculé sans difficulté du côté du général Oligui Nguema. Le puissant centre d’interception et d’écoute de la présidence gabonaise, Silam, mis en place par la France du temps d’Omar Bongo dans les années 1980, n’a pas cessé son activité. Son responsable français, Jean-Charles Solon, n’a aucunement été inquiété et son retour en France, initialement prévu après ces élections, est retardé afin d’assurer une continuité.
Néanmoins, la situation d’une poignée de personnalités appréhendées par la junte pourrait placer Paris dans une situation inconfortable. En effet, plusieurs d’entre elles disposent de la double nationalité, gabonaise et française, et ont d’ores et déjà indiqué souhaiter vouloir bénéficier de la protection consulaire de Paris. Dans le même temps, les avocats de l’épouse d’Ali Bongo, Sylvia Bongo, ont annoncé le 1er septembre avoir porté plainte en France pour « détention arbitraire ». La désormais ex-première dame gabonaise fait partie des personnalités visées qui disposent de la double nationalité.
Le lobbying parisien anti-Oligui de Frédéric Bongo
L’ancien chef de la Direction générale des services spéciaux (DGSS), Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali Bongo, reste fermement hostile à la prise de pouvoir du général Oligui Nguema. En séjour en Guadeloupe, Frédéric Bongo a rallié Paris en urgence au lendemain du coup. Il a tenté de faire passer le message aux autorités françaises des risques de déstabilisation et prédit un putsch dans le putsch. Il a activé son réseau parmi les généraux, avec qui il est resté en contact. Sa relation avec le général Oligui Nguema restait particulièrement distendue depuis que ce dernier l’avait remplacé en 2019 à la tête de la DGSS, les services de renseignement de la puissante Garde républicaine. Frédéric Bongo lui attribuant un rôle dans sa disgrâce qui l’a tenu ces dernières années à l’écart du cœur du système Bongo.