L’empire politique de l’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro reçoit à nouveau un coup dur de la part du régime d’Alassane Ouattara. Encore une nouvelle arrestation non des moindres dans les rangs des Générations et Peuples Solidaires (GPS). Il s’agit de l’arrestation de Kando Soumahoro, cadre du mouvement dirigé par Guillaume Soro.
Après l’arrestation récente d’El Hadj Mamadou Traoré, membre influent du mouvement politique Générations Peuples Solidaires (GPS) de Soro, Kando Soumahoro n’est non plus libre de ses mouvements. L’ancien député et cadre de GPS est aux mains de forces de sécurité. Dans un communiqué publié ce vendredi 16 aout, le mouvement de Guillaume Soro a retracé le film de l’arrestation de l’ancien député et dénoncé son arrestation arbitraire.
Il faut souligner que, le 14 juillet dernier, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a lancé un appel pour l’unité de l’opposition à Bonoua. Guillaume Soro a répondu favorablement à cette invitation à une coalition des partis d’opposition a trouvé une première oreille attentive.
Dans un communiqué publié ce 9 août, Générations et Peuples Solidaires (GPS) de l’ancien Premier ministre s’est dit prêt à contribuer à une unité de l’opposition dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025, afin de barrer la route à RHDP du président Alassane Ouattara au pour depuis 2011.
Tout ceci fait de Guillaume Soro une nouvelle cible pour Alassane Ouattara, d’où peut-être cette nouvelle vague d’arrestation dans les rangs du mouvement politique de l’ex-président de l’assemblée nationale ivoirienne.
Déclaration de GPS
Le Mouvement Citoyen Générations et Peuples Solidaires (GPS) alerte l’opinion publique sur l’arrestation et l’emprisonnement arbitraires de M. Kando Soumahoro, membre de la Commission d’Orientation et de Coordination et Coordonnateur régional de GPS de Biankouma et Sipilou.
Les faits
Le vendredi 9 août 2024, M. Kando Soumahoro, au nom de GPS, a pris part à la conférence de presse organisée par le collectif des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile tenue au siège du PDCI-RDA à Abidjan-Cocody. À cette occasion, il a apposé sa signature au bas de la déclaration conjointe appelant à des réformes électorales et à des élections inclusives, transparentes et démocratiques en Côte d’Ivoire en 2025.
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Le dimanche 11 août 2024, M. Kando Soumahoro a reçu un coup de fil l’invitant à une audition à la Préfecture de Police d’ Abidjan. Face à une telle démarche cavalière, M. Soumahoro a pris attache avec le conseil d’avocats de GPS. Aussitôt, un des avocats s’est rendu à la préfecture de Police pour s’assurer qu’une convocation formelle soit établie. Le même jour, avec une rapidité surprenante, l’autorité policière a émis à son encontre une assignation sans motif. En tant qu’ancien député respectueux des lois de son pays, celui-ci s’est présenté le mardi 13 août au lieu-dit accompagné de son avocat.
L’audition a démarré à 10 heures précises. Elle a été jalonnée de longues suspensions pour des motifs inconnus. L’officier de police judiciaire y a mis fin formellement à 15 heures précises. Cependant, sans autre forme de procès, M. Kando Soumahoro a été maintenu dans les locaux de la Préfecture de Police assisté de son avocat jusqu’à 21h30. Heure à laquelle l’avocat s’est vu intimer l’ordre de rentrer chez lui. Il faut souligner que l’audition elle-même n’a duré qu’une vingtaine de petites minutes.
En effet, en guise d’interrogatoire, l’enquêteur a commencé par lui présenter sa signature au bas de la déclaration conjointe du collectif des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile. Il lui a ensuite été demandé de certifier qu’il s’agissait bien de la sienne. M. Kando Soumahoro a répondu par l’affirmative. L’enquêteur a alors demandé s’il était informé de la dissolution de GPS. M. Kando Soumahoro a allégué que GPS avait été déclaré dissous en première instance, mais que les avocats du Mouvement avaient interjeté appel. De ce fait et fort de la procédure judiciaire en cours, GPS a pu fonctionner normalement jusqu’à ce que l’instance d’appel confirme la dissolution. Le collège d’avocats s’est aussitôt pourvu en cassation par déclaration n°16 du 22 février 2023 et est dans l’attente de cette audience.
Toutes choses étant égales par ailleurs, si GPS a pu fonctionner une première fois après un premier jugement, le pourvoi en cassation ne pouvait que produire le même effet, à savoir la suspension d’application de la dissolution.
D’ailleurs, le Code de Procédure Pénale ne dit pas autre chose puisqu’il indique clairement en son article 605 que « pendant les délais du recours en cassation et s’il y a eu recours, jusqu’au prononcé de l’arrêt de la Cour de cassation, il est sursis à l’exécution de l’arrêt objet du recours sauf en ce qui concerne les condamnations civiles ».
De sorte qu’au regard du droit positif ivoirien, GPS demeure éligible au fonctionnement normal jusqu’à ce que la Cour de cassation statue et rende un verdict définitif.
Visiblement confronté à un argument de droit irréfragable, l’enquêteur, quelque peu déboussolé, a indiqué que le procureur joint, s’était proposé de venir entendre lui-même l’assigné. Ensuite, il a argué attendre un appel téléphonique pour déterminer la suite à donner à la procédure. C’est aux alentours de 21h30 que l’enquêteur a finalement reçu un appel, non pas du procureur, mais de la Présidence de la République, ordonnant le déferrement de M. Kando Soumahoro au parquet d’ Abidjan pour le lendemain.
La suite est connue. M. Kando Soumahoro a été, le mercredi 14 août 2024, conduit au parquet avant d’être emprisonné au Pôle pénitentiaire d’Abidjan. Cela, en violation de l’article 13 de la Constitution ivoirienne qui garantit le droit aux citoyens de créer des partis et groupements politiques et d’exercer leurs activités.
Notre analyse
Il est essentiel de comprendre les motivations derrière l’acharnement manifeste de M. Ouattara contre GPS depuis sa création. Il faut considérer que la querelle fratricide est souvent la plus engagée et la plus violente. Le divorce entre M. Ouattara et M. Soro en février 2019, suivi de la fondation du mouvement citoyen GPS en juillet de la même année, a incontestablement provoqué l’ire du premier cité.
En réalité, M. Ouattara n’a jamais toléré ni accepté que GPS émerge comme une force politique qui « chasse » sur « ses propres terres ». Il a toujours agi comme s’il avait un droit de préemption sur les populations du Nord de la Côte d’Ivoire. Cette portion du territoire étant considérée par lui comme sa propriété privée exclusive. La montée en puissance d’une nouvelle force politique ou d’un autre homme politique dans cette région septentrionale est tout simplement impardonnable et inacceptable à ses yeux, car cela menace de fragmenter son électorat.
En outre, M. Ouattara, dans son ambition de capturer l’État de Côte d’Ivoire ad vitam aeternam, a entrepris de réécrire l’Histoire de notre pays, de telle sorte que ses dettes morales passées envers la classe politique ivoirienne soient progressivement effacées dans les mémoires. Il entend être le maître absolu.
Enfin, M. Ouattara s’acharne contre GPS en raison de son incapacité à causer son inanité en dépit des moyens colossaux engagés pour traquer son leader et ses militants. Le retour d’exil du Président Guillaume Soro et l’accueil enthousiaste dont il a été l’objet dans la plupart des pays ouest-africains ont déclenché chez lui crainte et colère.
Cependant, cette situation ne constitue que la première dimension du problème. Il est également crucial d’examiner les raisons qui sous-tendent la vague d’arrestations et d’emprisonnements en ce moment précis.
Que personne ne s’y méprenne : la bataille pour la capture du pouvoir d’État en 2025 est déjà en cours. M. Ouattara a ouvert les hostilités et les arrestations arbitraires en sont la manifestation évidente. La recrudescence de la répression contre GPS résulte de l’échec des espoirs de décrispation exprimés en mars 2024. À cette époque, M. Ouattara avait probablement cru que les appels téléphoniques de M. Soro étaient mus par le désespoir d’un homme à bout de course, qui le supplierait de retourner au RHDP. En revanche, l’inattendu rapprochement de GPS avec les partis politiques de l’opposition n’a fait qu’aggraver les choses.
En effet, la formation d’une plateforme unifiée de l’opposition ivoirienne représenterait une menace fondamentale pour ses certitudes concernant son maintien au pouvoir.
Générations et Peuples Solidaires condamne avec la plus grande fermeté la détention arbitraire de M. Kando Soumahoro et de tous ses militants emprisonnés.
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Générations et Peuples Solidaires fait observer que ces faits sont le signe d’une dérive autoritaire préoccupante. Le diktat présidentiel sur le pouvoir judiciaire bouleverse l’organisation et le fonctionnement de l’institution gardienne des libertés citoyennes, la transformant en bras séculier d’un pouvoir exécutif engagé dans une campagne de répression systématique et aveugle.
Générations et Peuples Solidaires exige la remise en liberté immédiate de M. Kando Soumahoro et l’arrêt de toutes les poursuites visant ses militants. À ceux-ci comme à tout citoyen ivoirien attrait devant la justice, Générations et Peuples Solidaires requiert que soient appliquées de manière juste et équitable, par des juges indépendants, les lois de la République. La longue chaîne des arrestations et des condamnations au forceps des militants de Générations et Peuples Solidaires sous le fallacieux prétexte de sa dissolution décrédibilise notre système judiciaire.
Générations et Peuples Solidaires marque son soutien à M. Kando Soumahoro, à sa famille et tient à inviter ses militants à la plus grande sérénité, à garder courage et détermination dans la poursuite du travail de maillage du territoire national.
En effet, il est crucial de poursuivre le combat pour la défense des valeurs de la République, des libertés individuelles et collectives et d’œuvrer à l’avènement d’un État de droit solidaire.
Fait le 16 août 2024
Pour Générations et Peuples Solidaires,
La réunion extraordinaire du Cadre restreint