Economie

Voici pourquoi l’Afrique de l’Ouest peine à abandonner le FCFA

L’adoption d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest, censée remplacer le franc CFA (FCFA), suscite de nombreux débats. Alors que l’Eco, la future monnaie de la CEDEAO, était censée être mise en place depuis plusieurs années, son lancement a été repoussé à plusieurs reprises.

Pourquoi cette transition monétaire est-elle si complexe ? Quels sont les freins à l’abandon du FCFA en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo et dans d’autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ? Décryptage.

Monnaie unique : des avantages indéniables mais des craintes persistantes

Depuis plusieurs décennies, les dirigeants ouest-africains envisagent une monnaie commune pour renforcer l’intégration économique et stimuler le commerce. Parmi les avantages cités :

Stabilité monétaire : une politique monétaire unifiée permettrait de mieux contrôler l’inflation.
Fin des fluctuations des taux de change : ce qui favoriserait les échanges commerciaux.
Renforcement des systèmes de paiement et des services financiers.
Attractivité pour les investisseurs étrangers, qui préfèrent une monnaie stable et unique.

Cependant, plusieurs pays de l’UEMOA hésitent à abandonner le FCFA, principalement en raison de risques économiques et politiques.

Quelles sont les principales craintes liées à l’abandon du FCFA ?

Perte d’autonomie sur la politique monétaire
Adopter une monnaie unique signifie confier le contrôle de la politique monétaire à une banque centrale régionale, ce qui inquiète certains pays.

Chocs financiers et instabilité
L’instabilité des taux de change extérieurs et l’absence d’un mécanisme de contrôle de l’inflation pourraient entraîner une hausse des prix, affectant les produits de première nécessité comme le pain.

Infrastructures financières inadaptées
Certains États disposent encore de systèmes financiers sous-développés, rendant difficile la transition vers une monnaie commune.

Rivalités politiques et tensions entre pays francophones et anglophones
La CEDEAO regroupe des pays aux politiques fiscales et économiques différentes, ce qui complique l’harmonisation d’une monnaie unique.

Pourquoi la transition vers l’Eco est-elle si lente ?

Le lancement de l’Eco a été plusieurs fois reporté. Initialement prévu en 2000, puis en 2004, 2005, 2009 et 2020, il est désormais envisagé pour 2027.

Certains États comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo hésitent à abandonner le FCFA, en raison de l’influence de la France et de la stabilité actuelle du franc CFA.

Peut-on s’inspirer du modèle européen ?

Certains experts comparent la transition vers l’Eco à l’adoption de l’euro en Europe. L’Union européenne a réussi à fusionner différentes monnaies (franc français, deutschemark, lire italienne…) pour créer une monnaie forte et stable.

Toutefois, la situation de la CEDEAO est différente : écarts de développement entre États membres, tensions politiques et absence d’une banque centrale forte.

Quel avenir pour l’Eco ?

La CEDEAO ambitionne toujours de remplacer le FCFA par l’Eco d’ici 2027, mais beaucoup restent sceptiques. L’absence d’un consensus entre les États membres, les difficultés économiques post-COVID et les désaccords sur la gestion de la future monnaie freinent ce projet.

Si les pays parviennent à surmonter ces obstacles, l’Eco pourrait être un tournant historique pour l’Afrique de l’Ouest, marquant une véritable indépendance économique vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page