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Tout le peuple Togolais en deuil: Cet illustre disparu

Le 5 février 2025, le Togo marque un moment charnière de son histoire avec la commémoration des 20 ans de la disparition de son ancien président, Gnassingbé Eyadéma. Décédé en 2005 après avoir dirigé le pays pendant 38 ans, Eyadéma reste une figure centrale du paysage politique togolais. Pour beaucoup, son nom est indissociable de l’histoire récente du pays, un héritage complexe qui divise encore les Togolais entre reconnaissance et critiques acerbes.

Un pouvoir de 38 ans : L’homme fort du Togo

Arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État en 1967, Gnassingbé Eyadéma est resté président du Togo jusqu’à sa mort en 2005, un règne d’une longévité rare sur le continent africain. Pendant près de quatre décennies, il a forgé un système politique où l’autorité de l’État était incontestée, tout en établissant un contrôle strict sur la société et les institutions.

Durant son mandat, il a poursuivi une politique de stabilité et de modernisation, en mettant l’accent sur des réformes économiques et infrastructurelles, telles que la construction d’infrastructures routières et l’amélioration des services publics. Cependant, son régime a également été marqué par une répression systématique de l’opposition et une absence de pluralisme politique, des pratiques qui ont nourri une longue liste de critiques sur le plan des droits humains.

Le parti Union du peuple togolais (UPT) et la famille Eyadéma ont imposé une mainmise sur la vie politique, empêchant toute véritable alternance démocratique. La répression, la surveillance et la censure de la presse étaient monnaie courante, ce qui a contribué à forger une image autoritaire du régime, tant sur le plan national qu’international.

Les critiques et la répression : Une gouvernance autoritaire

Si de nombreux Togolais saluent les avancées économiques, les progrès dans l’éducation et l’amélioration des infrastructures, l’ombre de la répression reste omniprésente dans les mémoires. La fin du multipartisme, les arrestations arbitraires de personnalités politiques de l’opposition et les accusations de fraudes électorales en 1998 et 2003 font partie des épisodes les plus sombres du règne d’Eyadéma.

Le climat de crainte et de méfiance qui s’instaurait entre les autorités et les citoyens a laissé un impact durable, renforçant un contrôle autoritaire au détriment de la liberté d’expression et des droits fondamentaux. À l’échelle internationale, Eyadéma a fait face à de multiples condamnations pour son manque d’engagement en matière de démocratie, bien qu’il ait été perçu, dans certains cercles, comme un acteur clé dans la stabilité de la région.

La transition après Eyadéma : La dynastie familiale et les tensions politiques

À la suite de la disparition d’Eyadéma en 2005, son fils Faure Gnassingbé a rapidement été installé à la présidence, un changement qui a provoqué des manifestations et des contestations dans le pays. L’accession rapide de Faure à la présidence a été critiquée par une partie de la population, qui y a vu un prolongement du système dynastique et une continuité dans l’autoritarisme, renforçant l’image d’un « père » et de son « fils » au sommet de l’État. Malgré les accusations de fraude électorale lors des élections suivantes et les tensions politiques internes, Faure Gnassingbé a réussi à maintenir son pouvoir, et est aujourd’hui toujours à la tête du pays.

Le Togo a depuis amorcé un processus de réformes politiques, avec la mise en place de certaines initiatives pour favoriser la participation politique et un meilleur respect des droits humains. Toutefois, les promesses de changement ont souvent été jugées insuffisantes par les critiques, et le débat sur la démocratisation du pays demeure vif.

Une mémoire partagée : Réflexion sur l’héritage d’Eyadéma

À l’occasion de ce 20e anniversaire, la mémoire de Gnassingbé Eyadéma est célébrée de manière contrastée. Le gouvernement actuel a organisé des cérémonies commémoratives pour honorer celui qu’il considère comme un bâtisseur de la nation, soulignant son rôle de stabilisateur du pays et de défenseur de l’unité nationale. La population, quant à elle, reste partagée : certains se souviennent avec gratitude des avancées économiques réalisées sous son règne, tandis que d’autres dénoncent les méthodes autoritaires et les violations des droits humains.

Le 5 février 2025, des cérémonies officielles auront lieu dans tout le pays, rendant hommage à l’ancien président, mais aussi l’occasion de réfléchir sur le chemin parcouru depuis sa disparition. Les débats seront sans doute nombreux sur le rôle de son héritage dans le développement du Togo et la manière dont le pays peut tourner la page de ce passé autoritaire pour construire un avenir démocratique.

Le Togo de demain : Une nation à redéfinir

Les 20 ans qui ont suivi la disparition de Gnassingbé Eyadéma ont été marqués par une transition difficile, avec des défis multiples en matière de gouvernance, de démocratie et de développement. Alors que les jeunes générations, nées après la fin du règne de leur père, s’engagent dans des luttes pour plus de transparence, de liberté et de justice sociale, le pays se trouve à un croisement.

Les commémorations de cette année devraient être l’occasion de redéfinir l’avenir politique du Togo. Entre mémoire et perspectives d’avenir, le pays est appelé à réconcilier son passé avec les aspirations de ses citoyens, tout en restant vigilant face aux défis à venir.

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