
Au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou encore au Bénin, le franc CFA fait l’objet de nombreuses controverses. Souvent accusée de freiner le développement économique, cette monnaie commune à huit pays de l’UEMOA soulève des interrogations sur sa légitimité et son efficacité dans le contexte africain.
A cet épineux débat, Amath NDiaye FASEG-UCAD, expert-membre du Comité de Pilotage de la Commission de l’Union Africaine pour la création de la Banque Centrale Africaine (2010 -2012) a apporté des éléments de réponse à découvrir dans la suite de cet article.

Une réforme en profondeur… mais peu médiatisée
Depuis la réforme de 2019, la France ne participe plus aux décisions de la BCEAO. La politique monétaire est désormais souveraine, et la parité fixe avec l’euro est un choix assumé par les pays membres. Pourtant, cette évolution majeure reste méconnue du grand public, entretenant l’idée d’une dépendance monétaire injustifiée.
Une stabilité précieuse dans un monde instable
Le principal atout du FCFA ? Sa stabilité. Dans un environnement économique mondial marqué par l’inflation et les chocs externes, cette monnaie protège les pays de la zone contre les turbulences monétaires. L’inflation y reste faible, et des économies comme la Côte d’Ivoire affichent des croissances supérieures à 6 %, bien au-dessus de la moyenne africaine.
Industrialisation : le vrai défi
Le véritable frein au développement n’est pas le FCFA, mais le manque d’industrialisation. Dans des économies centrées sur l’exportation de matières premières, une dévaluation ne renforcerait pas la compétitivité, mais alourdirait la dette en devises et ferait grimper les prix.
Conclusion : Mieux utiliser le FCFA au service du développement
Plutôt que d’abandonner le franc CFA, il s’agit de l’utiliser comme levier stratégique. Tant que les bases industrielles restent faibles, la stabilité monétaire offerte par le FCFA demeure un atout à préserver, et non un obstacle à éliminer.