La migration illégale, motivée par la pauvreté, la fraude et le rêve d’une vie meilleure, pousse chaque année des milliers d’Africains à emprunter des routes périlleuses. Ces itinéraires, souvent moins coûteux mais extrêmement dangereux, entraînent des milliers de décès et disparitions.
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 30 000 personnes sont mortes ou ont disparu entre 2014 et septembre 2024 sur les principales routes migratoires africaines, notamment en Méditerranée. Cette crise humanitaire met en lumière un fléau persistant, alimenté par des passeurs sans scrupules et un manque criant de services essentiels pour protéger les migrants.
Les routes migratoires illégales les plus meurtrières en Afrique (2014-2024)
D’après les données de Statista, les quatre routes migratoires les plus meurtrières sont :
Rang | Route migratoire | Nombre de morts/disparus |
---|---|---|
1 | Méditerranée (occidentale, centrale, orientale) | 30 354 |
2 | Désert du Sahara | 6 316 |
3 | Route Atlantique – Îles Canaries | 4 828 |
4 | Route de l’Est vers/depuis la Corne de l’Afrique | 2 116 |
1. La Méditerranée : la route la plus meurtrière
Avec 30 354 décès enregistrés en une décennie, la Méditerranée reste la route migratoire la plus dangereuse pour les Africains. Les traversées périlleuses à bord de bateaux de fortune exposent les migrants aux naufrages et aux conditions météorologiques extrêmes.
- Cas tragique : En septembre 2023, un bateau en bois transportant plus de 100 migrants en provenance de Mbour au Sénégal a coulé après seulement 4 kilomètres de navigation. 26 corps ont été retrouvés.
- Point de départ majeur : Le littoral sénégalais, utilisé pour tenter de rejoindre les îles Canaries espagnoles, une porte d’entrée vers l’Europe.
2. Le désert du Sahara : une traversée mortelle
Le désert du Sahara est la deuxième route la plus meurtrière avec 6 316 décès recensés. Cette région, particulièrement inhospitalière, expose les migrants à :
- La déshydratation extrême en raison de l’absence d’eau potable,
- Les abandons par des passeurs après des défaillances mécaniques,
- Les risques de violence et d’exploitation.
Exemple marquant : En août 2023, 44 migrants ont été retrouvés morts près d’Agadez, au Niger, à plus de 1 000 km de Niamey, en route vers l’Europe.
3. La route Atlantique vers les îles Canaries
Avec 4 828 morts et disparus, cette route maritime reliant la côte ouest-africaine aux îles Canaries est particulièrement périlleuse en raison :
- De la longue distance (plusieurs centaines de kilomètres),
- Des conditions maritimes imprévisibles,
- Des embarcations souvent improvisées et surchargées.
Cette route connaît une recrudescence, notamment depuis les côtes sénégalaises, avec des migrants espérant rejoindre l’Europe par un trajet plus direct.
4. La route de l’Est vers/depuis la Corne de l’Afrique
La route de l’Est, reliant notamment des pays comme l’Éthiopie, la Somalie ou le Soudan vers des régions plus stables, a enregistré 2 116 décès.
Les migrants empruntent cette route pour échapper aux conflits, aux persécutions ou aux crises économiques. Les risques incluent :
- Les traversées dangereuses du golfe d’Aden,
- Les conditions inhumaines imposées par les passeurs.
Causes principales : pourquoi ces routes sont si meurtrières ?
- Passeurs et trafiquants : Ils exploitent les rêves des migrants avec de faux récits.
- Manque de services essentiels : L’absence d’eau, de soins médicaux et d’abris rend les voyages mortels.
- Sous-estimation des risques : Beaucoup de migrants ignorent les dangers auxquels ils s’exposent.
Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale, explique :
« Certains réfugiés sous-estiment les risques, tandis que beaucoup sont victimes des récits trompeurs des passeurs. »
L’action européenne pour réduire l’immigration illégale
Face à la crise migratoire, la Commission européenne a présenté un plan d’action en novembre 2022. Ce plan propose 20 mesures pour :
- Renforcer les opérations de recherche et de sauvetage,
- Réduire les migrations dangereuses en collaboration avec les pays africains,
- Améliorer la gestion humanitaire des flux migratoires.
Ces efforts visent à assurer une approche plus organisée et humaine de la migration, tout en réduisant le nombre de morts sur ces routes.
Une tragédie persistante
Les routes migratoires illégales continuent de coûter la vie à des milliers d’Africains chaque année. La Méditerranée, le Sahara, la route Atlantique et celle de l’Est demeurent des couloirs de l’espoir mais aussi de la mort.
Pour réduire ces tragédies, il est essentiel de :
- Sensibiliser les migrants aux risques réels,
- Renforcer la coopération internationale pour lutter contre les réseaux de passeurs,
- Proposer des alternatives sûres et légales pour ceux qui cherchent une vie meilleure.
L’immigration illégale est un drame humain qui exige une réponse globale et coordonn