Depuis le coup d’Etat du 26 juillet qui a renversé le président Bazoum, 1500 soldats français sont bloqués au Niger. Victimes collatérales du bras de fer entre Paris et la junte nigérienne, leurs conditions de vie sont apparemment de plus en plus difficiles.
Au Niger, les militaires putschistes nigériens au pouvoir appellent à leur départ. En réplique, le Quai d’Orsay dit ne pas reconnaître des nouvelles autorités et subordonne le redéploiement de ses troupes à la demande du président déchu.
Pendant ce temps, les militaires français cantonnés à la BAP (Base aérienne projetée) près de l’aéroport de Niamey et dans deux autres petites bases à Ouallam et Ayorou doivent faire face à des conditions de vie de plus en plus contraignantes.
« Aucun mouvement d’avion, les mouvements entre la zone vie et la zone technique sont surveillés et filtrés par l’armée nigérienne, un fossé antichar a été creusé, plus de ravitaillement alimentaire, évidemment pas d’autorisation de sortie. La base vivait sur les réserves des congélateurs jusqu’à cette semaine. Désormais pas de pain, le papier toilette rationné », confie un des soldats français à Ouest-France.
A la BAP, « il y a encore de quoi manger un certain temps » par contre sur les deux bases avancées « la situation devient intenable », confie à Ouest-France un ancien militaire travaillant sur la base.
D’après ses propos, il n’y a plus de ravitaillement en eau, nourriture et carburant. « Bientôt plus d’électricité pour eux, et il est impossible de les approvisionner », précise-t-il.
« Tout ça ne tient qu’à un fil. Ce qui me pose problème, c’est que nos capacités se dégradent un peu plus tous les jours», décrit sous anonymat un sous-officier de la base de Ouallam où sont stationnés 200 soldats français.
La pression des populations nigériennes aussi…
Pour les 1500 militaires français présents au Niger, il n’y a pas que le péril des vivres et produits indispensables. La pression constante des manifestants ajoute au stress des soldats français. Ils craignent surtout d’être débordés par les populations qui bloquent tous les accès à la base.
« Ce sont ces mêmes manifestants qui ont stoppé le boulanger et qui empêchent les personnels locaux de venir travailler sur la BAP. Alors que les personnels locaux peuvent encore travailler pour les Allemands et les Italiens. Le filtrage n’est pas effectué par les forces armées nigériennes mais par les manifestants », explique l’ancien militaire travaillant sur la base.
L’état-major des armées rassurant
Au niveau de l’état-major des armées, on joue la carte de l’assurance. « L’état des capacités de combat, dont l’état du moral des militaires, est suivi par le commandement à tous les niveaux. Aujourd’hui, la posture des militaires français au Niger permet de répondre à toutes les éventualités, notamment en cas de besoin d’utiliser la force », rassure le commandement.
« Les militaires en opérations sont confrontés par nature à une forme d’incertitude et aux changements de situation. Ils sont formés et entraînés pour agir dans des conditions parfois très rustiques et dans des environnements sécuritaires difficiles. La préparation et la planification des missions intègrent cette complexité », ajoute l’état-major des armées.