Depuis plusieurs années, la question du retour des migrants irréguliers cristallise les tensions entre l’Europe et certains pays africains.
Un bras de fer migratoire entre l’Europe et l’Afrique
Tandis que les gouvernements européens réclament la réadmission des ressortissants déboutés du droit d’asile, plusieurs États africains refusent ou ralentissent la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires aux expulsions. Face à ces blocages, l’Union européenne et plusieurs pays membres adoptent une nouvelle stratégie : la suspension de l’aide au développement comme levier diplomatique.
La Suisse sanctionne l’Érythrée
Dernièrement, la Suisse a annoncé la suspension de son aide au développement en direction de l’Érythrée. Cette décision, qui entrera en vigueur en mai, vise à sanctionner le refus d’Asmara de coopérer sur le retour de ses ressortissants. Selon Michael Steiner, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères, malgré des avancées sur d’autres volets de la coopération, les efforts en matière de réadmission restent insuffisants. Une évaluation externe a révélé un manque de progrès significatif, poussant la Suisse à durcir sa position.
Un tournant diplomatique majeur
Le recours à l’aide au développement comme moyen de pression marque une évolution importante dans les relations entre l’Europe et l’Afrique. Cette approche rappelle celle de l’administration Trump aux États-Unis, qui avait conditionné certains financements à la coopération en matière de migration. Désormais, les États africains récalcitrants doivent composer avec cette nouvelle donne, sous peine de voir leurs ressources financières drastiquement réduites. Une telle politique pourrait s’étendre à d’autres pays européens cherchant à obtenir des résultats concrets.
La France envisage des mesures similaires
En France, la problématique migratoire reste au cœur du débat politique, notamment en ce qui concerne l’Algérie. Récemment, un refus d’admission par les autorités algériennes d’un ressortissant sous obligation de quitter le territoire (OQTF) a relancé le débat. Certains responsables politiques, comme Jordan Bardella (RN) et Sarah Knafo (Reconquête), appellent à suspendre l’aide au développement envers l’Algérie pour obtenir davantage de coopération. Cette approche, déjà mise en œuvre par la Suisse, pourrait faire école en Europe, redéfinissant les rapports entre les deux continents.