
L’administration Trump a officiellement confirmé la dissolution progressive de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), une décision qui marque un tournant majeur dans la politique d’aide étrangère des États-Unis. Ce changement stratégique aura des conséquences profondes, notamment sur de nombreux programmes de développement en Afrique.
USAID : Une disparition programmée pour juillet 2025
Vendredi dernier, le département d’État américain a annoncé la mise en œuvre d’un plan de réorganisation de l’USAID, impliquant le transfert de certaines de ses missions au département d’État d’ici juillet 2025, tandis que d’autres fonctions seront totalement supprimées.
D’après Marco Rubio, secrétaire d’État américain, cette réforme vise à réaligner l’aide internationale sur les priorités nationales des États-Unis. Il a justifié cette décision en affirmant que l’USAID s’était éloignée de sa mission initiale et que Washington entend désormais concentrer ses efforts sur des projets plus stratégiques et bénéfiques aux intérêts américains.
Cependant, cette annonce a immédiatement suscité une vive opposition de la part des sénateurs démocrates, qui estiment que cette réforme entraînera de graves perturbations dans les programmes d’aide étrangère. Selon eux, cette décision est illégale, inefficace et dangereuse, compromettant des décennies d’engagement humanitaire des États-Unis à l’étranger.
Impact des coupes budgétaires sur l’Afrique
Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump avait signé un décret gelant l’aide étrangère pour une période de 90 jours. Ce gel a été suivi de réductions massives du budget de l’USAID, affectant des centaines de projets à travers le monde, dont de nombreux programmes en Afrique.
Avec un budget annuel de 42,8 milliards de dollars, l’USAID représentait près de 42 % de l’aide humanitaire mondiale. Mais face aux coupes budgétaires, 729 millions de dollars de financements ont été supprimés, touchant directement des initiatives clés sur le continent africain.
Parmi les programmes annulés ou gravement impactés :
14 millions de dollars pour le renforcement de la cohésion sociale au Mali.
10 millions de dollars destinés à la prévention du VIH/SIDA via la circoncision médicale au Mozambique.
1,5 million de dollars pour renforcer la confiance des électeurs au Liberia.
2,5 millions de dollars alloués à la promotion des démocraties inclusives en Afrique australe.
2 millions de dollars destinés à des initiatives de recyclage durable au Kosovo et en Égypte.
Quelles conséquences pour les pays bénéficiaires ?
La suppression progressive de l’USAID risque de compromettre des projets essentiels pour la stabilité politique, la santé publique et le développement économique en Afrique.
Santé publique : La réduction des financements pour les programmes de lutte contre le VIH/SIDA pourrait entraîner une augmentation des infections et compromettre des années de progrès en matière de santé communautaire.
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Démocratie et gouvernance : Avec la suppression des fonds destinés à renforcer la confiance des électeurs et à promouvoir des gouvernements inclusifs, certains pays africains pourraient voir leur processus démocratique fragilisé.
Développement économique et environnemental : La fin des financements pour des projets de recyclage durable ou d’aide aux PME africaines ralentira la transition écologique et la croissance économique locale.
Une réforme contestée sur la scène internationale
La dissolution de l’USAID ne concerne pas uniquement l’Afrique, mais a des répercussions mondiales. Plusieurs organisations humanitaires et gouvernements alliés des États-Unis ont dénoncé cette décision, affirmant qu’elle affaiblira la position de Washington sur la scène internationale.
En réduisant son engagement humanitaire, les États-Unis laissent un vide que d’autres puissances, comme la Chine ou l’Union européenne, pourraient exploiter pour renforcer leur influence en Afrique.
Vers une redéfinition de l’aide internationale ?
Avec cette réorganisation, l’administration Trump marque un changement radical dans la diplomatie américaine. Désormais, l’aide internationale sera strictement alignée sur des intérêts stratégiques et géopolitiques, au détriment des objectifs purement humanitaires.
L’avenir de l’aide au développement en Afrique dépendra donc de nouvelles alliances, que ce soit avec des organisations non gouvernementales (ONG), d’autres grandes puissances économiques ou des institutions comme l’ONU et l’Union africaine.